Le président de la Guinée-Bissau Umaro Sissoco Embalo
Un groupe d'officiers de l'armée de Guinée-Bissau a destitué mercredi le président Umaro Sissoco Embalo, ordonné la fermeture des frontières et suspendu le processus électoral alors que le pays était dans l'attente des résultats officiels du scrutin présidentiel organisé dimanche.
Le président sortant ambitionnait de devenir le premier dirigeant en trente ans à remporter un second mandat consécutif en Guinée-Bissau, petit pays côtier situé entre le Sénégal et la Guinée.
Il a confirmé avoir été renversé à la chaîne télévisée France 24. "J’ai bien été renversé, je ne peux pas trop parler car sinon ils vont me confisquer mon téléphone. Je suis actuellement à l’état-major".
Lors d'une déclaration télévisée, les officiers ont annoncé la création d'un "haut commandement militaire pour le rétablissement de l'ordre" ainsi que leur prise de pouvoir jusqu'à nouvel ordre.
Peu avant l'annonce, des coups de feu ont retenti dans la capitale, Bissau, près du siège de la commission électorale, du palais présidentiel et du ministère de l'Intérieur, selon des témoins. Les tirs ont duré environ une heure, mais semblaient avoir cessé vers 14h00 GMT, a indiqué un journaliste de Reuters.
On ne disposait encore d'aucune information concernant d'éventuelles victimes.
La commission électorale devait annoncer jeudi les résultats du premier tour de l'élection présidentielle à laquelle participaient notamment Umaro Sissoco Embalo et Fernando Dias, son principal adversaire. Les deux camps avaient revendiqué la victoire dès ce tour de scrutin.
Un porte-parole du chef d'Etat, Antonio Yaya Seidy, a déclaré à Reuters que des hommes armés non identifiés avaient attaqué la commission électorale pour empêcher l'annonce des résultats du vote.
Il a affirmé que ces hommes étaient affiliés à Fernando Dias, sans toutefois fournir de preuves. Un porte-parole du candidat n'a pas répondu à une demande de commentaire dans l'immédiat.
L'ancien Premier ministre Domingos Simões Pereira, qui a perdu face à Umaro Sissoco Embalo lors d'un second tour contesté en 2019 et qui a soutenu Fernando Dias lors de cette élection, a déclaré que ce dernier n'avait rien à voir avec l'attaque de la commission électorale.
Selon Domingos Simões Pereira, Fernando Dias rencontrait des observateurs électoraux lorsque "des personnes ont fait irruption dans la pièce pour annoncer qu'il y avait des coups de feu dans le centre-ville".
Fernando Dias est sain et sauf à Bissau, a-t-il ajouté.
La Guinée-Bissau a été secouée par au moins neuf coups d'État et tentatives de coups d'État entre 1974, date à laquelle elle a obtenu son indépendance du Portugal, et 2020, date à laquelle Umaro Sissoco Embalo a pris ses fonctions.
Le président sortant affirme avoir survécu à trois tentatives de coup d'État durant son mandat. Ses détracteurs l'accusent de créer des crises artificielles pour justifier des mesures de répression.
(Reportage Alberto Dabo, avec la contribution d'Ayen Deng Bior, Bate Felix, Ngouda Dione et Robbie Corey-Boulet ; version française Blandine Hénault et Kate Entringer)

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